Sunday, December 18, 2005

18 décembre 1868

Jamais accent prussien n’a si doucement chanté à mes oreilles ! C’était il y a trois jours, lorsqu’une véritable petite armée a surgi de nulle part pour nous tirer des griffes de nos ravisseurs. Elle était menée par le fier colonel Otto Schulterblatt. Souvenez-vous ! Ce héros de l’austro-prussienne disparu à Sadowa. Après nous avoir libéré, lui et ses hommes nous ont conduit dans le labyrinthe de tunnels jusqu’à ce qu’apparaisse sous nos yeux incrédules une véritable petite ville. On me la présenta comme la colonie Numbleton et son mat bat pavillon allemand… bien que rehaussé d’un étrange symbole : un petit masque noir. J’interrogerai Schulterblatt à ce sujet dans la journée.
C’est de la coquette chambre qu’on m’a préparé que je vous écris. Par ma fenêtre, j’aperçois un rivière souterraine et le manège d’une dizaine d’hommes – de bons prussiens – s’affairant autour de quelques embarcations. Je crois qu’ils se préparent à un long voyage. Schulterblatt me renseignera. C’est un homme exquis qui nous a reçu comme un vrai gentil homme. Et il m’a avoué avoir de grands projets pour nous. J’espère surtout qu’il nous révélera quelques secrets de cette terre intérieure.

Sunday, December 11, 2005

10 décembre 1868

Andrew,
Bien qu’ayant grassement dédommagé le geôlier que j’ai chargé de la commission, je ne sais pas si cette lettre vous parviendra. La silhouette que j’avais mentionnée dans mon dernier message est revenue… et elle n’était pas seule. Un groupe d’autochtones – oui Andrew, je parle bien de subterriens ! – nous est tombé dessus durant notre repos, la veille de notre voyage de retour. Ils nous ont ensuite conduit jusqu’au camp où nous sommes retenus prisonniers, au cœur d’un paysage d’étranges cristaux luminescents. Ces hommes et ces femmes vivent ici depuis longtemps et notre anthropologue affirme, par analyse de leur subtil langage, qu’il ne s’agit pas d’une simple tribu. Nous commençons à entrevoir la partie immergée de l’iceberg, mais notre position est assez mal commode. Une fois n’est pas coutume mais j’ai une faveur à vous demander, mon cher. Si vous n’intervenez pas rapidement, j’ai bien peur que nous ne trépassions aux portes du paradis perdu.

Sunday, December 04, 2005

2 décembre 1868


Colossale.
C’est une caverne colossale que nous avons découvert la nuit dernière en suivant cette silhouette qui rodait dans notre sillage depuis quelques jours. Bilan : nous l’avons perdu de vue mais je crois que nous avons gagné au change. J’ai profité du pieux silence de mes spécialistes pour demander à Keith, un jeune soldat dont j’avais remarqué les talents de peintre, de reproduire cette vision miraculeuse. Il est aujourd’hui très clair que notre découverte dépasse mes plus folles ambitions. Malgré toute l’expertise de mes hommes, cette étrange terre souterraine semblant s’étirer à l’infini est bien trop vaste pour ma seule expédition. J’ai décidé de rebrousser chemin jusqu’au comptoir de Boma afin d’y quérir l’aide de Stanley. Je l’annoncerai ce soir à mes équipiers. Je crois qu’ils seront aussi déçus que soulagés.

Sunday, November 27, 2005

25 novembre 1868


Eh bien Andrew !

Il semble que nous n’en finirons jamais. Chaque branche, chaque lichen est non seulement inédit, mais abrite une faune totalement inconnue… et parfois étrange.

Tenez : Il y a trois jours, deux de mes hommes sont revenus au campement en hurlant si fort que nous nous sommes tous précipités sur nos armes. C’est ainsi que nous avons découvert Hansel et Gretel, deux inséparables insectes de deux pieds de long qui, outre laisser sans voix notre loquace naturaliste, semblent particulièrement apprécier les fruits secs de nos rations. Ils en ont une telle passion qu’une demi-livre de noix a suffit pour les occuper le temps que Gaumont leur trace le portrait. Voyez par vous-même !

Monday, November 14, 2005

14 novembre 1868

Excusez l’imprécision de mon trait mais c’est un homme fatigué et excité qui écrit. Apprenez que nous avons découvert hier une caverne gigantesque. Là, perdus dans la jungle tombante formée par l’entrelacs de vigoureuses racines, s’élèvent les vestiges d’un village dont nous n’avons encore pût déterminer la culture d’origine. A vrai dire, devant le silence de notre expert, le professeur Olson, une hypothèse formulée par Jason gagne en crédibilité : peut-être appartiennent-ils tout simplement à une civilisation jusqu’à présent ignorée!

Les travaux de déblaiement ont commencé et nous avons déplacé notre camp aux abords de cette contrée qui, d’après mon estimation, doit se trouver vraisemblablement à une demi-lieue de la surface. J’essayerai de joindre les premiers croquis de nos spécialistes à mon prochain pli.

Saturday, November 05, 2005

5 novembre 1868

J’écris ces lignes depuis la tente de notre campement improvisé. Nous allons sous peu entamer notre étude de la zone exotique alentour. Je pense qu’elle durera quelque deux semaines. La flore locale est particulièrement riche et nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Une chose est sûre : quelqu’un – ou quelque chose – a déjà peuplé ces profondeurs. Il y a bien longtemps. Une poignée de porteurs a fuit l’avant-veille à la découverte d’une série de terrifiantes sculptures rupestres à une lieue de là. Mais hormis la moiteur ambiante et ce fait rageant, notre aventure se passe plutôt bien. Quoique... J'avoue qu'il règne une drôle d’ambiance. Presque surnaturelle.

Saturday, October 29, 2005

25 octobre 1868, deux cents pieds sous terre

Cinq jours. Voilà le temps qu'il nous aura fallu pour découvrir le dispositif d'ouverture de cet engin prodigieux. Finalement, c'est Jason - notre brillant naturaliste - qui eût l'idée d'utiliser le vieux talisman de mon grand-père, à la forme si caractéristique, comme clé. Et il avait raison : Sa géométrie correspondait parfaitement à l’empreinte du mécanisme (troublant, ne trouvez-vous pas ?).

Ah Andrew ! Si vous aviez pu entendre le bruit que cette gigantesque porte – ce sceau de pierre s’érigeant entre nous et ce Nouveau Monde – émît à son ouverture… On eût véritablement dit la respiration d’un titan revenant à la vie !

Thursday, October 20, 2005

20 octobre 1868, quelque part au congo


Mon dieu Andrew... Nous l'avons trouvé !
C'était exact, juste à l'endroit indiqué...
Elle s'érige là, devant moi, si menaçante et si porteuse de promesses !
L'heure de vérité approche.
Qui sait ce qui nous attend de l'autre coté...

L'aventure, en tout cas.

Joshua

18 octobre 1868, sud de Zanzibar

Cher Sir Andrew,

Une fois n'est pas coutume : la légende disait vrai ! Aussi improbable que cela puisse paraître, nous nous enfonçons à ce moment même dans les ténèbres de cette étrange caverne. Si le vieux n'a pas menti, nous devrions bientôt apercevoir cette fameuse "grande porte". Qui sait ce que nous trouverons au-delà ?

Dans la mesure du possible, je vous écrirai régulièrement pour vous informer de l'avancée de nos explorations.

Que Dieu nous garde !

Votre Joshua